Interview de Michel Jacquier, directeur général délégué de l'Agence française de développement et président du FISEA, Fonds d'investissement et de soutien aux entreprises en Afrique d'un montant de 250 millions d'euros, lancé le 29 avril 2009.
Quel est le but de ce fonds d‘investissement ?
Marqué par le poids de l'économie informelle et la prédominance des petites et moyennes entreprises, le secteur privé africain souffre aujourd'hui d'un manque d'organisation et d'un faible accès aux investissements. Or, il est au coeur du développement du continent africain. Il a besoin d'être soutenu, d'autant plus que l'environnement ne lui est pas toujours favorable. Par ailleurs, même si c'est en partie masqué par la crise actuelle, l'Afrique fait partie des zones du monde qui vont conserver une croissance positive et il est donc très important d'aider les petites entreprises, créatrices d'emplois, qui participent ainsi à la réduction de la pauvreté. Même s'il s'agit d'un chiffre indicatif à ce stade, nous espérons à travers cette initiative créer ou conforter 100.000 emplois.
Il existe déjà des fonds d'investissement en Afrique, quelles sont les spécificités de FISEA ?
Le FISEA se veut un outil complémentaire des fonds traditionnels privés. Il sera consacré à des opérations plus risquées que celles que les investisseurs acceptent spontanément de financer. En effet, il visera des régions plus instables ou en sortie de crise, des investissements de plus petite taille et des secteurs traditionnellement délaissés comme l'agriculture, la microfinance, les énergies nouvelles mais aussi la santé et l'éducation. Mais, à l'image de tous les fonds, les projets devront être financièrement rentables, gage de leur pérennité et de leur réel impact sur le tissu économique local et le développement du pays. En plus de ce positionnement atypique, une enveloppe va être consacré à des mesures d'accompagnement. Cinq millions des 250 millions d'euros iront au financement d'apports techniques en matière de gestion, de gouvernance... Ce n'est pas de l'argent perdu, car c'est aussi un moyen d'assurer une meilleur rentabilité.
En pratique...
On a déjà commencé à se pencher sur des dossiers. Deux ont déjà été approuvés. Le FISEA est ainsi en discussion pour investir dans une institution de microfinance et dans un fonds d'investissement. A l'image des deux cibles du fonds. La première étant des prises de participations directes dans des sociétés. Nous visons des entreprises qui pèsent entre 50 et 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et comptent une centaine de salariés. Notre seconde cible, les fonds d'investissement traditionnels, nous permettra de toucher des entreprises plus modestes, de l'ordre de 20 à 80 salariés. Sur les cinq ans, FISEA va procéder a autant d'opérations en direct qu'à travers des fonds, soit six chacune par an, pour atteindre 60 opérations au bout du cycle. D'un point de vue financier, 20 % des 250 millions d'euros ira au financement direct d'entreprises, le reste étant dévolu aux fonds d'investissement.
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