En dehors de quelques entreprises mobilisées pour la circonstance, l’édition de la fête de travail de cette année à Douala a été célébrée dans une situation de crise et de précarité d’emploi
« C’est la semaine dernière, que les responsables de notre institution nous ont remis des pagnes et je n’avais pas assez d’argent pour faire coudre le mien. Alors j’ai décidé de ne pas aller au défilé », explique Moussong Philippe, un agent d’une société de jeux de la place.
Les raisons du boycott du défilé du 1er mai sont diverses. « La fête a été conçue pour faire valoir les revendications des travailleurs, en vue de l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie", rappelle Jules Mbiedi, syndicaliste.
Or, précise-t-il, de plus en plus, l’Etat et les entreprises l’ont récupérée pour en faire une journée d’agapes et d’orgies, éloignant les travailleurs de leurs problèmes réels.
Toutefois, le défilé qui a eu lieu à la place de l’UDEAC située dans la zone portuaire à Douala, a vu la participation d’une centaine d’entreprises de tailles différentes.
Les slogans d’égalitarisme, de solidarité, de mobilisation syndicale, de revendications qui faisaient rêver les « masses laborieuses », ont disparu au profit des enseignes et slogans des entreprises.
Dans les quartiers, l’érosion accélérée du pouvoir d’achat des Camerounais, le laminage des couches moyennes par la vie chère, et l’environnement tumultueux du monde des affaires dans cette « Afrique en miniature », ont réduit la quantité et la qualité des agapes qui y ont été organisées.
« Auparavant, la société nous donnait de l’argent pour organiser nous-mêmes la fête, soit en groupe, soit chacun chez lui, pour faire boire des amis. Mais cette année, on nous demande d’aller au siège de la société pour boire et manger, alors que nos familles sont à la maison », se plaint un employé d’une entreprise d’Epargne et de crédit rencontré après le défilé par la rédaction de Camer.be
Dans son ouvrage L’Afrique et les défis de l’extension de la sécurité sociale – L’exemple du Cameroun, l’ancien directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) et actuel ministre en charge de l’Economie, Louis Paul Motazé, affirme, se basant sur des statistiques établies en 2005, que 82,5% d’employés au Cameroun ne jouissent pas de la sécurité sociale.
Ce qui représente près de 4.003.558 travailleurs. Ils se recrutent essentiellement dans le secteur privé, les professions libérales et ceux relevant de l’économie informelle. En revanche, la sécurité sociale ne couvre que les 17,5% restant. Constitués de 130.696 fonctionnaires relevant du portefeuille de l’Etat et 728.746 travailleurs salariés du secteur privé structurés et régis par le Code du travail.
Malgré tout, travailleurs ou chômeurs, débrouillards ou sans emploi, ont célébré chacun en sa manière la 123e fête du travail à Douala, capitale économique du Cameroun
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